Ministère de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs
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Bassin versant de la rivière L'Assomption (1997)

Modifier nos pratiques agricoles... la priorité (suite)


Pollution agricole: le défi de l'heure

Les rejets urbains et industriels génèrent divers impacts dans le bassin mais, à eux seuls, ils ne peuvent expliquer le degré de pollution de la rivière L'Assomption. Les rejets agricoles, tantôt ponctuels, tantôt diffus, contribuent dans une très large mesure à la contamination du milieu. Au cours des dernières années, de gros efforts ont été déployés pour éliminer les sources ponctuelles de pollution agricole. On pense en particulier à la construction de structures adéquates d'entreposage des engrais de ferme. Aujourd'hui, le plus grand défi consiste à réduire la pollution de source diffuse.

La pollution diffuse est plus complexe à contrôler parce qu'elle est liée à une multitude de sources réparties sur l'ensemble du territoire. Des engrais de ferme appliqués en trop grande quantité sur les champs et dont la matière fertilisante finit par rejoindre un cours d'eau par ruissellement illustrent ce type de pollution. Si on ne résout pas le problème de pollution diffuse par de bonnes pratiques agricoles et par des modes appropriés de gestion des pesticides et des engrais, jamais l'eau du bassin ne pourra retrouver la qualité souhaitée. Dans le bassin de la rivière L'Assomption, les activités agricoles occupent une place prépondérante. En 1995, on y comptait 1305 producteurs possédant 60 221 hectares de terre en culture et 73 563 unités animales.

Des cultures... et des pesticides

Les plantes fourragères, les céréales et les grandes cultures comme le maïs et le soya dominent le secteur des productions végétales dans le bassin de la rivière L'Assomption. On y consacre pas loin de 54 200 hectares, dont 40% sont réservés exclusivement aux plantes fourragères. Quelque 6000 autres hectares de terre cultivée dans le bassin se divisent en une mosaïque de cultures maraîchères, incluant le tabac et les pommes de terre. Finalement, moins de 200 hectares sont partagés entre producteurs fruitiers.

 

Graphique: Types de cultures

Pour lutter contre les insectes indésirables, les mauvaises herbes ou toute maladie s'attaquant aux cultures, les agriculteurs ont recours aux pesticides. L'emploi de ces produits peut cependant nuire à l'environnement. Une utilisation plus rationnelle et sécuritaire des pesticides est donc de mise.

Un taux d'utilisation élevé des pesticides

Dans le bassin de la rivière L'Assomption, le taux moyen annuel d'utilisation de pesticides s'élève à 2,2 kg d'ingrédients actifs par hectare, alors que la moyenne québécoise se chiffre à 1,3. Les applications effectuées dans les sous-bassins Point du Jour et L'Assomption les placent en tête des utilisateurs. Ils sont suivis des sous-bassins Saint-Pierre, de l'Achigan, Vacher et Saint-Esprit.

Par endroits, la nature sableuse des sols rend les eaux souterraines particulièrement sensibles à la pollution par les pesticides. Des pesticides ont d'ailleurs été décelés dans des puits de surface à Crabtree, Saint-Roch-de-l'Achigan et Sainte-Sophie. L'aldicarbe, un insecticide utilisé jusqu'en 1990 par les producteurs de pommes de terre, contaminait encore certains de ces puits en 1993. On trouve également de nombreux pesticides dans les eaux de surface. C'est le cas dans la rivière Saint-Esprit et dans le ruisseau des Anges, un tributaire de la rivière de l'Achigan.

Les engrais: quand la cour est pleine

Les productions animales dominantes dans le bassin de la rivière L'Assomption sont le porc, le bovin laitier et la volaille. À lui seul, le cheptel porcin représente plus de 50% des 73 564 unités animales recensées dans le territoire. Le sous-bassin de l'Achigan et, dans une moindre mesure, les sous-bassins Saint-Esprit et Ouareau, regroupent les principaux éleveurs porcins du bassin.

Graphique: Types d'animaux

De l'azote et du phosphore à la tonne

Le bassin de la rivière L'Assomption souffre d'une très forte production de fertilisants d'origine animale. Les volumes d'engrais de ferme qui y sont générés annuellement représentent pas moins de 5400 tonnes d'azote et de 1250 tonnes de phosphore. Pour le sous-bassin de l'Achigan, le plus grand pôle d'élevage du bassin, on parle de 2080 tonnes d'azote et de 500 tonnes de phosphore par année.

Malgré l'énorme volume d'engrais naturels disponible, les producteurs agricoles achètent d'importantes quantités d'engrais minéraux. Pour différentes raisons, la fertilisation des cultures de tabac, de pommes de terre et de fruits et légumes, par exemple, se fait essentiellement par les engrais minéraux. Il se dépense presque 8 millions de dollars en fertilisants minéraux par année dans le bassin. Voilà une source supplémentaire d'éléments nutritifs équivalant à plus de 4000 tonnes d'azote et à plus de 1200 tonnes de phosphore.

L'utilisation de fertilisants de nature animale et minérale cause des pressions environnementales majeures dans le bassin de la rivière L'Assomption. En fait, à l'exception de celui de la rivière Noire, tous les sous-bassins du territoire présentent des excédents appréciables d'azote et de phosphore. Les cours d'eau qui traversent des zones très agricoles, telles les rivières Saint-Esprit et de l'Achigan, en portent clairement les marques.

Photo d'une rivière

De fortes concentrations d'azote et de phosphore dans l'eau mènent parfois à l'accroissement rapide des plantes aquatiques et des algues: c'est l'eutrophisation. Ce phénomène appauvrit à certains moments la teneur en oxygène dans l'eau et nuit alors aux poissons et à d'autres organismes aquatiques.

Rejets directs de lisier: des efforts de réduction qui ont donné des résultats

Quoique les concentrations d'éléments nutritifs dans les eaux du bassin de la rivière L'Assomption soient encore aujourd'hui trop élevées, une nette réduction des apports en azote et en phosphore dans le milieu aquatique a marqué le début des années 80. Cette réduction résulte des efforts réalisés dans le contrôle de la pollution ponctuelle par le lisier: moratoire sur le développement de l'élevage porcin, programme de réduction volontaire de la production porcine et subventions pour la construction de structures étanches d'entreposage des déjections animales.

Photo: Lieu d'entreposage des déjections animales

Dans le bassin, plus de 90% des exploitations porcines et environ 40% des exploitations laitières possèdent des lieux d'entreposage conformes à la réglementation.

Monoculture, drainage, reprofilage: attention à l'érosion

L'érosion hydrique des terres, en plus de diminuer la productivité des sols, réduit la qualité des cours d'eau par l'apport de matières en suspension. Dans le bassin de la rivière L'Assomption, le problème d'érosion des champs apparaît en général limité, compte tenu des faibles pentes et des types de sols rencontrés. Les sous-bassins Saint-Esprit, Saint-Pierre et Vacher présentent toutefois le plus fort potentiel d'érosion du territoire à cause de la nature limoneuse de leur sol.

Les cultures à grands interlignes comme le maïs, la pomme de terre, le tabac et les légumes peuvent causer de sérieux problèmes aux sols selon les pratiques culturales choisies. Laissés à nu, les sols deviennent plus sensibles au processus d'érosion causée par l'eau ou par le vent. Un peu plus de 40% des superficies cultivées dans le bassin sont consacrées à ce type de culture à faible couvert végétal.

En plus de détruire des écosystèmes naturels, le reprofilage des fossés et des ruisseaux, le drainage artificiel des terres ainsi que la suppression du couvert végétal ou forestier le long des rives entraînent souvent de l'érosion. À l'échelle locale, ces problèmes peuvent prendre des proportions très inquiétantes. Dans le bassin, environ 55% des terres agricoles sont drainées souterrainement.

Photo d'un cas d'érosion

Cas typique d'érosion d'une berge due à une sortie de drain mal aménagée.

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