Ministère de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs
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Présence de pesticides dans l’eau au Québec

Portrait et tendances dans les zones de maïs et de soya – 2011 à 2014


Résumé

Chaque année, le Ministère échantillonne des cours d’eau des régions agricoles du Québec pour y vérifier la présence de pesticides. Au fil des ans, un réseau permanent de suivi des pesticides (réseau de base), composé de dix stations, a été mis en place pour suivre l’évolution de leurs concentrations dans les cours d’eau à proximité de cultures ciblées. Les cultures de maïs et de soya, qui couvrent de vastes superficies dans le sud du Québec (environ 763 000 hectares) et qui utilisent une proportion importante des pesticides commercialisés au Québec, sont parmi ces cultures ciblées. Quatre des dix stations du réseau de base sont situées dans des cours d’eau de bassins versants à dominance de maïs et de soya. Ces stations sont situées dans les rivières Chibouet (bassin versant de la rivière Yamaska), des Hurons (bassin versant de la rivière Richelieu), Saint-Régis (affluent du Saint-Laurent) et Saint-Zéphirin (bassin versant de la rivière Nicolet). Ce rapport présente les résultats obtenus pour les années d’échantillonnage 2011 à 2014, ainsi que l’évolution des concentrations mesurées depuis 1992.

En plus du réseau de base, un suivi rotatif a récemment été instauré à certaines stations du Réseau-rivières. Ainsi, depuis 2012, 23 rivières en milieu agricole ont été échantillonnées pour y vérifier la présence de pesticides et améliorer nos connaissances sur l’étendue spatiale de la problématique de contamination par les pesticides. Une synthèse des résultats obtenus pour ces rivières est aussi présentée dans ce rapport.

La présence d’herbicides dans les cours d’eau des secteurs agricoles en culture de maïs et de soya est une problématique connue depuis plusieurs années. Les résultats du suivi de 2011 à 2014 pour les quatre stations du réseau de base situées dans des bassins versants à dominance de maïs et de soya montrent que les herbicides associés à ces cultures y sont toujours bien présents. Le S‑métolachlore, l’atrazine, le glyphosate, l’imazéthapyr, le bentazone, le mésotrione et le dicamba sont détectés dans plus de 50 % des échantillons. En 2014, la fréquence globale de détection dans les quatre rivières était de 99 % dans le cas du S‑métolachlore, de 98 % pour l’atrazine, de 91 % dans le cas l’imazéthapyr et de 88 % pour le glyphosate. Mais plus de 20 autres herbicides ont aussi été détectés dans ces rivières.

Parmi les 23 rivières du Réseau-rivières qui ont été échantillonnées, 9 sont plus touchées et comptent entre 20 et 30 pesticides. Ce sont les rivières à la Barbue, à la Tortue, Chaloupe, Delisle, L’Acadie, L’Achigan, Mascouche, Rouge et Yamaska. Globalement, ce sont les mêmes herbicides associés aux cultures de maïs et de soya que pour les stations du réseau de base qui y sont détectés. Dans les 14 autres rivières, plusieurs pesticides sont également détectés. Mais leur nombre et la fréquence de leur détection dépendent de l’importance des superficies en culture de maïs et de soya dans leur bassin versant.

Le présent rapport met aussi en évidence la présence généralisée, dans les rivières de ces zones agricoles, des insecticides de la famille des néonicotinoïdes, notamment le thiaméthoxame et la clothianidine. En effet, en 2012, des modifications apportées aux analyses de laboratoire de même que l’intégration plus systématique du suivi des néonicotinoïdes ont permis de mettre en lumière leur détection très fréquente dans les cours d’eau des secteurs en maïs et soya, cultures où ces produits sont notamment utilisés en traitement de semences. Dans les rivières du réseau de base, ils sont détectés dans plus de 97 % des échantillons, mais ils ont aussi été détectés dans toutes les rivières du Réseau-rivières échantillonnées pour le suivi des pesticides de 2011 à 2014 (23 rivières). Globalement, la fréquence de leur détection dans ces rivières varie selon l’importance des superficies en maïs et en soya dans le bassin versant. Ainsi, selon le produit et la rivière, la fréquence de détection peut varier de 18 % pour des rivières où la proportion en maïs et soya est plus faible, comme pour la clothianidine dans les rivières Saint-François et Bécancour, jusqu’à 100 % pour la clothianidine et le thiaméthoxame dans les rivières Yamaska, L’Acadie et Mascouche par exemple.

Au cours de la période de 2008 à 2010, des dépassements des critères de qualité de l’eau pour la protection des espèces aquatiques (CVAC) étaient observés en moyenne dans 14 % des échantillons prélevés aux quatre stations du réseau de base. De 2011 à 2014, avec la détection des insecticides néonicotinoïdes dans l’eau, le nombre total de dépassements des critères a bondi. En effet, ce sont des produits très toxiques pour les espèces aquatiques et, par conséquent, le critère de qualité de l’eau visant à protéger ces dernières est très bas. En 2014, les critères de qualité de l’eau ont été dépassés, pour un ou plusieurs pesticides, dans 96,6 % des échantillons de la rivière des Hurons, et dans 100 % des échantillons pour les rivières Chibouet, Saint-Régis et Saint-Zéphirin. Pour les 23 autres rivières échantillonnées, des dépassements sont notés dans 9 % à 100 % des échantillons. De manière générale, la proportion des dépassements augmente en fonction de l’importance des superficies des cultures de maïs et de soya dans les bassins versants et les dépassements sont principalement attribuables aux insecticides néonicotinoïdes.

Pour la période de 1992 à 2014, l’évolution des concentrations des principaux herbicides détectés aux quatre stations du réseau de base montre une tendance à la baisse des concentrations médianes d’atrazine, de S‑métolachlore, de dicamba et de bentazone, mais à la hausse pour le glyphosate et l’imazéthapyr. Par contre, l’analyse des données de la période de 2004 à 2014 montre que les concentrations de S‑métolachlore sont stables depuis dix ans. La baisse du S‑métolachlore constatée de 1992 à 2014 s’explique essentiellement par des changements survenus avant 2004.

La présence des pesticides affecte les espèces aquatiques. Des suivis des macroinvertébrés benthiques (insectes, mollusques, crustacés, etc.), organismes aquatiques à la base de la chaîne alimentaire, ont été effectués aux quatre stations du réseau de base. Les résultats montrent que les communautés de macroinvertébrés benthiques sont, au mieux, dans un état de santé précaire dans les rivières Chibouet et Saint-Zéphirin et dans un mauvais état de santé dans les rivières des Hurons et Saint-Régis. Puisque les organismes benthiques intègrent l’ensemble des perturbations susceptibles de se produire dans un cours d’eau, les effets observés ne sont pas uniquement attribuables aux pesticides. Le suivi interannuel des macroinvertébrés benthiques dans les rivières Chibouet et Saint-Zéphirin, toutes deux situées en région fortement agricole, met toutefois en évidence les effets négatifs constants et soutenus que les communautés benthiques subissent en milieu agricole. Aucune amélioration de l’intégrité biotique n’est constatée entre 2010 et 2013. De plus, les constats du suivi biologique portant sur les taxons les plus sensibles (éphéméroptères et trichoptères) sont cohérents avec les effets des pesticides rapportés dans la documentation scientifique sur ces mêmes taxons.

Rapport (PDF, 4 Mo)

Référence :
GIROUX, I. (2015). Présence de pesticides dans l’eau au Québec : Portrait et tendances dans les zones de maïs et de soya – 2011 à 2014, Québec, ministère du Développement durable, de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques, Direction du suivi de l’état de l’environnement, ISBN  . 978-2-550-73603-5, 47 p. +  5 ann.

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Résultats (données brutes)

Réseau de base (2011 à 2014)

Réseau-Rivières


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