Ministère de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs
Recherche Quebec.ca

État de l'écosystème aquatique du bassin versant de la rivière Yamaska - Synthèse 1998

Yamaska supérieure : Déjà des problèmes de dégradation

Dès le lac Brome, on constate un degré notable d'eutrophisation. Cependant, sur l'ensemble du bassin versant de la rivière Yamaska, c'est dans la Yamaska supérieure que l'on peut encore retrouver quelques tronçons affichant une eau d'assez bonne qualité. Le suivi des substances toxiques dans les poissons du lac Brome indique que ceux-ci sont peu contaminés.

Du lac Brome à la ville de Bromont, l'intégrité des communautés benthiques est excellente. Les poissons montrent cependant certains signes de perturbations. Le pourcentage d'espèces tolérantes à la pollution est élevé et le taux d'anomalies détectées atteint 10 %, une valeur au-dessus du critère de 5 % indiquant une communauté en mauvaise santé.

Photo : Eutrophisation de la rivière

Dans certaines conditions, les apports importants de phosphore et d'azote
mènent à l'accroissement rapide des algues et autres plantes aquatiques ; c'est l'eutrophisation.
Surtout durant la période d'étiage estival, les zones d'eaux calmes créées par les barrages dans le bassin
de la rivière Yamaska sont propices à l'eutrophisation, un phénomène qui peut nuire aux poissons.
Photo : M.Bouliane

En aval de Bromont, la pollution résiduelle de la station de traitement des eaux usées industrielles et sanitaires de la ville affecte la vie aquatique. La diversité du benthos et des poissons diminue et les organismes benthiques les plus sensibles disparaissent du milieu. Par ailleurs, les teneurs en mercure dans la chair des poissons récoltés dans ce secteur sont parmi les plus élevées du bassin. Deux entreprises peuvent constituer une source de mercure : Les Emballages Knowlton à lac Brome et IBM à Bromont. Les valeurs demeurent toutefois comparables à ce qui a été mesuré ailleurs au Québec.

Dans les quinze kilomètres en aval d'Adamsville, la rivière Yamaska reçoit tour à tour les eaux des rivières Yamaska Nord et Yamaska Sud-Est. Dès leur rencontre avec la rivière Yamaska Nord, les eaux de la rivière Yamaska deviennent de très mauvaise qualité. Le même phénomène, quoique plus discret, se présente en aval de la jonction avec la rivière Yamaska Sud-Est. Sous l'effet des apports de ces deux tributaires, l'indice d'intégrité de la communauté de poissons chute d'excellent à moyen, tandis que celui de la communauté benthique passe d'excellent à bon.

La Yamaska Nord : un tributaire riche... en substances polluantes

La rivière Yamaska Nord dévoile des eaux nettement enrichies par les substances nutritives, une situation qui commence au lac Waterloo, où persistent des problèmes évidents d'eutrophisation. Les meuniers noirs de ce lac s'avèrent contaminés par le DDT (pesticide banni depuis 1992) et présentent une contamination par le plomb parmi les plus élevées au Québec. Le plomb serait attribuable à l'effluent des Industries Raleigh et aux apports de l'ancienne zone d'industries lourdes de la région.

En aval de Waterloo, les débordements du réseau d'égouts ainsi que la pollution résiduelle de la station d'épuration et, quelques kilomètres plus loin, les apports agricoles des champs en culture situés aux abords du réservoir Choinière entraînent des substances nutritives et de la matière organique. Au-delà du réservoir, aucun poisson intolérant à la pollution et très peu de ménés insectivores - un groupe de poissons particulièrement sensibles aux conditions du milieu - ne sont recensés. Le taux d'anomalies est également élevé dans cette communauté de poissons (12 %).

Réservoir Choinière

Le réservoir Choinière constitue l'une des principales zones de villégiature du bassin versant de la rivière Yamaska. On s'y baigne à loisir, en raison de la très bonne qualité microbienne de l'eau. Cependant, l'abondance de matières nutritives provoque, une forte croissance d'algues et autres plantes aquatiques qui réduit le potentiel récréatif du plan d'eau.

À Granby : des conditions qui nuisent passablement aux poissons

Les interventions d'assainissement réalisées à Granby ont réduit de façon significative les quantités de substances nutritives et de matière organique rejetées à la rivière (voir La qualité de l'eau - état actuel et évolution), ce qui a amélioré notamment l'aspect visuel du cours d'eau. Des activités comme la pêche ont même pu reprendre dans le tronçon urbain. Malgré tout, les concentrations de phosphore et d'azote ainsi que les densités de coliformes fécaux restent trop élevées. Aussi, l'eau en aval de Granby montre la plus forte dégradation de la rivière Yamaska Nord.

Parmi les établissements industriels qui ont pignon sur rue dans le secteur de Granby, 25 entreprises sont considérées comme potentiellement polluantes. Elles appartiennent principalement aux domaines de l'agro-alimentaire, de la métallurgie, du textile et de la chimie. Près d'une cinquantaine de substances toxiques - métaux, BPC, composés organiques, dioxines, furannes et divers composés benzéniques - ont été détectées par les mousses aquatiques et les cellules à dialyse en aval de la ville. Aucun site étudié au Québec jusqu'à maintenant ne s'est avéré contaminé par un aussi grand nombre de substances toxiques (voir État de l'écosystème aquatique du bassin de la rivière Yamaska - Étés 1994 et 1995).

Les poissons sont très affectés par les conditions environnementales qui prévalent à quelque quatre kilomètres en aval de Granby. Le taux d'anomalies atteint jusqu'à 11 %, la diversité diminue, les ménés insectivores sont peu représentés et seules les espèces tolérantes à la pollution persistent. La communauté montre en fait le taux de dégradation le plus important du bassin. Cette situation se reflète dans la valeur de l'indice d'intégrité, qui chute à très faible, une cote rarement atteinte sur l'ensemble des rivières étudiées au Québec. La communauté benthique est moins affectée, mais la présence de nombreux oligochètes signale un problème de pollution organique, sans doute d'origine urbaine.

Plus en aval sur la rivière Yamaska Nord, à Saint-Alphonse, les meuniers noirs sont fortement contaminés par les BPC. Les teneurs dépassent de quatre fois celles mesurées au lac Magog - lac situé dans le bassin versant de la rivière Saint-François et reconnu pour sa contamination par les BPC. Aux pressions urbaines et industrielles de Granby viennent s'ajouter, à Saint-Alphonse, les pressions découlant des activités agricoles intenses. Ces dernières amènent des quantités supplémentaires de substances nutritives, de matières en suspension et de pesticides dans la rivière Yamaska Nord.

Yamaska Sud-Est : une bonne qualité d'eau vite oubliée

La qualité de l'eau de la rivière Yamaska Sud-Est en amont de Cowansville est relativement bonne en ce qui a trait aux paramètres conventionnels. Elle affiche en fait l'un des meilleurs indices du bassin versant de la rivière Yamaska. Par contre, certains toxiques comme les HAP, provenant vraisemblablement de retombées atmosphériques, se retrouvent en concentration assez élevée. Dans la communauté de poissons, aucune espèce intolérante n'est présente dans le milieu et le taux d'anomalies indique une communauté à l'état de santé précaire.

En aval de Cowansville : des impacts majeurs sur la communauté de poissons

La mise en fonction de la station d'épuration de la ville de Cowansville en 1986 a apporté une amélioration tangible de la qualité de l'eau de la rivière Yamaska Sud-Est. N'empêche que celle-ci passe en été, de satisfaisante à très mauvaise entre l'amont et l'aval de la ville. Comme dans la rivière Yamaska Nord, l'indice d'intégrité pour le poisson atteint la rare cote de très faible en aval de la ville. En plus de présenter un taux d'anomalies de 9 %, la communauté de poissons est composée à près de 75 % par des omnivores, un groupe ayant un régime alimentaire très diversifié. Un pourcentage d'omnivores qui dépasse 45 % indique une communauté fortement affectée par la pollution. Pour leur part, les espèces intolérantes à la pollution, disparaissent. La communauté benthique ne montre pas de signes aussi importants de dégradation. La présence de zones de rapides et de bandes riveraines de qualité permettrait une plus grande viabilité du benthos.

Quant à la contamination des poissons par les toxiques, différentes substances ont été mesurées dans les meuniers noirs, notamment du cadmium et du plomb. La concentration de plomb dans ces poissons est parmi les plus élevées du bassin, alors que celle de cadmium est quatre fois plus importante que tout ce qui a été mesuré aux autres stations. Par ailleurs, les cellules à dialyse révèlent que Cowansville rejette des toxiques organiques dans la rivière Yamaska Sud-Est.

 Retour à l'index / Yamaska  Section précédente  Section suivante  Fin du document


 Ministère de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs
© Gouvernement du Québec, 2024