Ministère de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs
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Le Saint-Laurent

La qualité des eaux du fleuve, 1990-2003

  • État du milieu aquatique

    • Qualité de l'eau : une contamination bactériologique encore présente

    • La contamination des poissons par les toxiques : une diminution importante depuis 1970


État du milieu aquatique

Qualité de l’eau : une contamination bactériologique encore présente

Afin d'évaluer la qualité des eaux du fleuve, le ministère de l'Environnement a mis en place un programme de suivi à 31 stations d’échantillonnage localisées entre le lac Saint-François et l’île d’Orléans. L’objectif de ce programme est de fournir un portrait général de la qualité de l'eau du fleuve Saint-Laurent à partir des paramètres conventionnels (substances nutritives, matières en suspension, coliformes fécaux, etc.) et de détecter ses variations dans le temps. Les résultats et les conclusions présentés dans les sections qui suivent s’appliquent aux points d’échantillonnage, c’est-à-dire aux grandes masses d’eau du fleuve. À proximité immédiate des rives, la qualité de l’eau peut être moins bonne à cause de phénomènes locaux ou de sources locales de pollution.

L’indice de qualité bactériologique et physico-chimique (IQBP) a été utilisé afin de synthétiser les données portant sur la qualité de l’eau. L’indice tient compte de huit paramètres soit le phosphore total, les coliformes fécaux, la turbidité, les matières en suspension, l'azote ammoniacal, les nitrites-nitrates, la chlorophylle a totale (chlorophylle a et phéopigments) et le pH. Selon les données recueillies au cours des étés 2000 et 2001, la qualité de l’eau du fleuve est bonne jusqu’à la hauteur de l’île de Montréal mais se détériore par la suite. En effet, en amont des rejets de la station d’épuration de Montréal, la qualité de l’eau est bonne. Cependant, étant donné que cette municipalité ne désinfecte pas ses eaux usées avant de les rejeter au fleuve, on observe, en aval de l’émissaire de la ville de Montréal, une forte contamination bactériologique. Cette contamination affecte d’abord la masse d’eau s’écoulant immédiatement au nord du chenal de navigation et plus en aval, à la hauteur de Tracy, toute la masse d’eau s’étendant du centre du fleuve jusqu’à la rive nord. Par contre, la qualité de la masse d’eau au sud du chenal de navigation est jugée satisfaisante. Le chenal, à cause de la vitesse d’écoulement des eaux, agit comme une barrière et empêche toute contamination de le traverser. Toutefois, les débordements des réseaux d’égouts survenant par temps de pluie peuvent affecter la qualité de l'eau près des rives, et ce, tant en rive nord qu’en rive sud.

La ville de Longueuil rejette également des eaux usées non désinfectées dans le chenal de navigation, à la hauteur de l’île Charron. On observe ainsi une contamination bactériologique à partir de cet endroit. Toutefois, étant donné le nombre plus restreint de personnes desservies par cette station d’épuration, cette contamination est beaucoup moins importante que celle engendrée par les rejets de la ville de Montréal.

Aux prises d’eau de Contrecœur et de Lavaltrie, la qualité de l’eau est mauvaise à cause de la turbidité et des matières en suspension qui y sont élevées. Des concentrations élevées de phosphore et de coliformes fécaux sont également observées à la prise d’eau de Lavaltrie dont la qualité est grandement influencée par les rivières des Mille Îles, des Prairies et L’Assomption, par les rejets des stations d’épuration des villes de Repentigny et Saint-Sulpice, et par les débordements des réseaux d’égouts survenant par temps de pluie.

À la hauteur de Tracy, les eaux longeant la rive sud sont de qualité satisfaisante, alors que celles s’écoulant au centre du fleuve et au nord du chenal de navigation présentent une forte contamination bactériologique. On note également une turbidité plus élevée au nord du chenal de navigation, dans la masse d’eau influencée par les rivières des Prairies, des Mille Îles et L’Assomption. La contamination bactériologique provenant de la région de Montréal commence à s’estomper dans le lac Saint-Pierre, mais demeure perceptible jusqu’à la hauteur du quai de Bécancour, à environ 125 km en aval de Montréal. À la sortie du lac Saint-Pierre et à la hauteur du quai de Bécancour, la qualité de l’eau est satisfaisante près de la rive sud mais douteuse dans le chenal de navigation et au nord de celui-ci, à cause de la contamination bactériologique provenant des régions de Montréal et Trois-Rivières.

Dans la région de Québec, l’eau du fleuve retrouve une qualité satisfaisante mais, près des rives, notamment aux prises d’eau de Sainte-Foy et de Lauzon, la turbidité est élevée et, pour cette raison, la qualité y est jugée douteuse. La qualité bactériologique de l’eau est généralement bonne mais les débordements des réseaux d’égouts survenant par temps de pluie peuvent cependant entraîner une contamination le long des rives.

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La qualité de l'eau dans le secteur de Montréal,
du lac Saint-Pierre et de Québec au cours des étés 2000 et 2001
(IQBP médian calculé entre mai et octobre)

La qualité de l'eau dans le secteur de Montréal, du lac Saint-Pierre et de Québec au cours des étés 2000 et 2001
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L’IQBP en graphiques  |  Statistiques descriptives de la qualité de l’eau

  • Dépassements des critères de qualité

Dans le cas des paramètres associés à la protection de la vie aquatique comme l’oxygène dissous, l’azote ammoniacal et le pH, aucun problème n’a été constaté, quel que soit l’endroit considéré. On note cependant à plusieurs stations de prélèvement situées en aval de la région de Montréal de fréquents dépassements des critères de qualité associés à la baignade et aux activités nautiques. On observe également à certains endroits quelques dépassements du critère de qualité associé au phosphore et à la protection du plan d’eau contre l’eutrophisation.

  • Activités récréatives

Seuls quelques dépassements des critères de qualité associés aux activités nautiques comme la pêche, la voile et le canotage (1 000 UFC/100 ml) et à la baignade (200 UFC/100 ml) ont été observés en amont de l’émissaire de la station d’épuration de la ville de Montréal. Par contre, en aval de celui-ci, la fréquence de dépassement du critère pour la baignade augmente d’une façon importante et atteint 100 % dans le chenal de navigation et dans la masse d’eau immédiatement au nord de celui-ci. Les activités nautiques sont également compromises dans le chenal de navigation et au nord immédiat de celui-ci, et ce, jusqu’à la hauteur du quai de Bécancour, en aval de Trois-Rivières.

Fréquence de dépassement des critères de qualité liés aux activités récréatives, étés 2000 et 2001 (N = 12)

Dans la région de Québec, la qualité bactériologique de l’eau est bien meilleure et la pratique d’activités nautiques y est possible. La baignade serait également sécuritaire à certains endroits, mais pas en tout temps à cause de la contamination bactériologique engendrée par les débordements des réseaux d’égouts survenant par temps de pluie.

  • Protection contre l’eutrophisation

De fréquents dépassements du critère de qualité lié au phosphore (0,030 mg/l) ont été observés à la prise d’eau de Lavaltrie. Celle-ci est située près des rives dans une zone peu profonde et est influencée par les rivières des Mille Îles, des Prairies et L’Assomption ainsi que par les rejets des stations d’épuration des villes de Repentigny et Saint-Sulpice. À la prise d’eau de Contrecœur, située également en zone peu profonde, la fréquence de dépassement du critère est de 33 %, mais à tous les autres sites de mesure, cette fréquence est inférieure à 20 %. Dans les zones peu profondes du lac Saint-Pierre toutefois, la fréquence de dépassement du critère lié au phosphore pourrait être plus élevée à cause de la confluence de plusieurs tributaires drainant des territoires à forte vocation agricole.

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Fréquence de dépassement du critère de qualité pour le phosphore et moyenne des mesures dépassant le critère, étés 2000 et 2001 (N = 12)

  • Tendances observées : amélioration ou détérioration selon l’endroit

    • Contamination bactériologique

Depuis 1990, on a constaté une amélioration de la qualité bactériologique de l’eau en amont du point de rejet des eaux usées de la ville de Montréal ainsi qu’en aval, dans les zones non influencées par ces rejets. Les eaux longeant la rive sud présentent ainsi une meilleure qualité bactériologique depuis 1992, année de la mise en service de la station d’épuration de Longueuil. Les améliorations les plus marquées ont toutefois été observées entre 1990 et 1995 aux stations de mesure localisées près de la rive nord, à la hauteur de Boucherville et de Repentigny, à la suite de travaux d’assainissement réalisés sur l’île de Montréal. Cependant, depuis 1998, il y a eu une augmentation de la contamination bactériologique à toutes les stations de mesure qui sont sous l’influence des rejets de la ville de Montréal, et ce, jusqu’à la hauteur du quai de Bécancour. La diminution, depuis 1998, des apports d’eau provenant des Grands Lacs combinée à la stabilité du débit de la rivière des Outaouais ont modifié le régime d’écoulement du fleuve, la position du panache de l’émissaire de la ville de Montréal par rapport aux grandes masses d’eau du fleuve et, par le fait même, sa zone d’influence.

Dans le secteur de Québec, la qualité bactériologique de l’eau s’est nettement améliorée depuis la mise en service des stations d’épuration des villes de Lévis et de Québec en 1991 et 1992. Cette amélioration résulte essentiellement du fait que la ville de Québec désinfecte ses eaux usées en période estivale et que la station d’épuration de Lévis utilise la technologie des étangs aérés qui élimine près de 99 % des coliformes fécaux présents dans les eaux usées.

Évolution des concentrations de coliformes fécaux dans les
secteurs de Montréal, du lac Saint-Pierre et de Québec pour la période 1990 à 2001

Montréal

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lac Saint-Pierre

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Québec

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  • Phosphore et turbidité

Pour l’ensemble de la période 1990 à 2001, on observe une diminution des concentrations de phosphore à presque toutes les stations de mesure. Quoiqu’une partie importante de la baisse des concentrations résulte de la mise en service de stations d’épuration, une partie de la baisse observée depuis 1998 est cependant liée à la diminution du débit du fleuve et des processus d’érosion, notamment au niveau de son lit et de ses berges.

Évolution des concentrations de phosphore total dans les secteurs
 de Montréal, du lac Saint-Pierre et de Québec pour la période 1990 à 2001

Montréal

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lac Saint-Pierre

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Québec

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Les bas niveaux d’eau enregistrés depuis 1998 ont entraîné une augmentation de la turbidité aux sites d’échantillonnage situés en eau peu profonde, notamment aux prises d’eau de Contrecœur et de Lavaltrie. Ces prises d’eau subissent davantage l’effet du brassage engendré par le vent et les vagues, ce qui a pour effet de générer une remise en suspension plus importante des sédiments de fond. Pour la période 1990 à 2001, la turbidité a cependant diminué à presque toutes les stations de mesure même si, à certains endroits, dans les secteurs du lac Saint-Pierre et de Québec, elle semble être légèrement à la hausse depuis l’été 2000.

Évolution de la turbidité dans les secteurs
 de Montréal, du lac Saint-Pierre et de Québec pour la période 1990 à 2001

Montréal

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lac Saint-Pierre

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Québec

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Tendances temporelles dans les secteurs de Montréal, du lac Saint-Pierre et de Québec, 1990 à 2001

  • Les sites potentiels de baignade : une très bonne qualité dans certains secteurs

Afin de dresser un portrait de la salubrité des sites potentiels de baignade du Saint-Laurent, une évaluation de la qualité bactériologique de l’eau a été effectuée au cours des étés 1999 à 2003 à 48 sites localisés entre l’île Sainte-Hélène, à la hauteur de Montréal, et l’île d’Orléans, en aval de Québec. Les sites ont été sélectionnés selon les critères suivants : plages historiques, plages anciennement surveillées par le ministère de l’Environnement, sites sans surveillance actuellement utilisés, présence d’un accès public, qualités esthétiques et potentiel global. Parmi l’ensemble des sites caractérisés entre 1999 et 2002, 16 ont été sélectionnés et font l'objet depuis l’été 2003 d'un suivi à long terme. Toute amélioration résultant de la réduction des débordements d’eaux usées par temps de pluie ou de la mise en place d’équipements de désinfection pourra ainsi être mise en évidence.

Près de la moitié des 48 sites ayant fait l’objet d’un suivi présentaient un bon ou un très bon potentiel, c’est-à-dire que la baignade y aurait été possible au moins 70 % du temps. Par ailleurs, il existe actuellement, le long des rives du Saint-Laurent, cinq plages ouvertes au public et surveillées dans le cadre du programme Environnement-Plage. Parmi celles-ci, quatre sont situées en amont de la région de Montréal (Saint-Anicet, Saint-Zotique et les deux plages de Salaberry-de-Valleyfield) et la cinquième, la plage du parc de l’île Saint-Quentin, est située à l’embouchure du Saint-Maurice, à Trois-Rivières. C’est d’ailleurs à la suite des résultats obtenus dans le cadre du suivi des sites potentiels de baignade du Saint-Laurent que la plage de l’île Saint-Quentin, anciennement fermée pour cause d’insalubrité, a été rouverte au public à l’été 2001.

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La contamination des poissons par les toxiques : une diminution importante depuis 1970

Depuis les années 1970, la contamination des poissons du fleuve Saint-Laurent a diminué considérablement, notamment pour le mercure et les BPC. Même si des contaminants chimiques sont encore aujourd’hui détectés, seul le mercure montre des concentrations dépassant parfois les directives pour la consommation. Cette contamination est généralement plus importante chez les gros spécimens des espèces prédatrices comme le grand brochet, le doré et l’achigan. Toutefois, considérant les quantités de poissons consommées par les Québécois en général, les risques pour la santé sont considérés comme faibles pour la majorité des consommateurs.

Les recommandations du Guide de consommation du poisson ne s'appliquent donc que pour une consommation habituelle et fréquente s’étalant sur plusieurs années. Certaines restrictions existent également afin de protéger les groupes vulnérables telles les femmes enceintes. Le niveau actuel de contamination ne doit toutefois pas être négligé. Cependant, dans l’ensemble, les teneurs sont le plus souvent faibles, et les données montrent qu’il n’y a pas de forte concentration des contaminants dans la chair des poissons.

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