Ministère de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs
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La qualité de l'eau et les usages récréatifs

Les solutions pour la restauration : de l’assainissement à la protection

Au cours des 20 dernières années, des efforts financiers et techniques considérables ont été consacrés à l’assainissement urbain et industriel. En assainissement agricole, des structures d’entreposage ont été construites afin de favoriser une meilleure gestion des fumiers et des lisiers. Ces solutions ont permis une diminution significative de la contamination microbienne de l’eau. Dans l’avenir, c’est par le biais d’approches intégrées de gestion de l’eau visant la protection de l’ensemble des usages et s’appuyant sur la concertation des principaux acteurs que la qualité de l’eau sera assurée.

L’assainissement urbain et industriel

Population desservie et nombre de stations d'épuration

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La principale initiative visant à réduire la contamination des cours d’eau aura été sans conteste le Programme d’assainissement des eaux du Québec et les programmes qui lui ont succédé, de 1978 à 2000. Ces programmes ont permis l’interception, le traitement et, dans certains cas, la désinfection des eaux usées qui étaient autrefois rejetées dans le fleuve et les rivières. L’assainissement des eaux usées municipales et industrielles au cours des années 1980 et 1990 aura été le projet à caractère environnemental le plus important de l’histoire du Québec. Le traitement des eaux usées, pratiquement inexistant au début des années 1980, est maintenant généralisé.

Évolution de la qualité bactériologique de cours d'eau du Québec, 1988-1998

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L’un des objectifs de l’assainissement des eaux usées consistait à réduire la contamination bactériologique des rivières, des lacs et du fleuve Saint-Laurent. Afin de vérifier l’atteinte de cet objectif, des données sur les concentrations de coliformes fécaux ont été recueillies entre 1988 et 1998 par le Ministère. L’analyse de ces données a démontré une amélioration significative de la qualité bactériologique de l’eau.

Une des conséquences de l’assainissement des eaux usées est la récupération d’usages récréatifs. À plusieurs endroits, ces usages ont été restaurés. À titre d’exemple, la baignade a pu être rétablie dans la rivière Magog à Sherbrooke, dans le réservoir Choinière sur la rivière Yamaska nord, au cap Saint-Jacques dans le lac des Deux-Montagnes et à l’île Saint-Quentin, à l’embouchure du Saint-Maurice.

Les efforts d’assainissement doivent maintenant être poursuivis pour régler les problèmes de débordements d’égouts par temps de pluie, de rejets d’eaux usées traitées non désinfectées et de contamination d’origine agricole. Les solutions à ces problèmes sont généralement connues mais complexes et coûteuses.

Aux endroits où les débordements des réseaux d’égouts causent des problèmes majeurs de contamination par temps de pluie, la construction de bassins de rétention et une meilleure gestion des eaux pluviales sont requises. Une autre solution consiste à séparer les réseaux recueillant les eaux pluviales de ceux recevant les eaux d’égouts. Les eaux pluviales relativement peu polluées peuvent être rejetées sans traitement aux cours d’eau, tandis que les eaux usées sont acheminées à la station d’épuration. La plupart des réseaux d’égouts construits depuis les années 1980 sont de « type séparatif », car ils assurent la séparation des eaux usées et des eaux de pluie.

De plus, de nombreux réseaux ayant fait l’objet de réparations ont été reconstruits avec des capacités augmentées afin de diminuer la fréquence des débordements. Le Ministère a déterminé des fréquences de débordement tolérables en fonction des usages à protéger, soit les activités récréatives, les prises d’eau et la vie aquatique dans les cours d’eau récepteurs. Les fréquences tolérées varient d’un seul débordement par mois à aucun débordement durant l’année à proximité de zones très sensibles, par exemple les prises d’eau, les frayères et les points de cueillette de mollusques. Ces critères ont été appliqués à quelques projets d’assainissement des eaux usées depuis 1988. L’atteinte globale des objectifs de décontamination bactériologique demandera néanmoins d’importants investissements dans les infrastructures d’eaux usées.

Parmi les principaux investissements requis, il y a l’installation d’équipements de désinfection des eaux usées traitées avant leur rejet aux cours d’eau. Les seules méthodes acceptées par le Ministère sont l’ozonation, le rayonnement ultraviolet et le lagunage. Ces méthodes sont considérées comme efficaces pour éviter la contamination des cours d’eau recevant les rejets traités.

Proportion des eaux usées désinfectées au Québec en 2000

Les pourcentages réfèrent aux volumes totaux d’eaux usées

Le lagunage est un procédé simple de traitement des eaux usées. Celles-ci séjournent dans un étang de faible profondeur pendant une période suffisamment longue pour que le rayonnement solaire et les processus biologiques réduisent à un niveau acceptable les teneurs en coliformes fécaux. Près de 460 stations d'épuration de petite et moyenne taille fonctionnent selon ce principe au Québec.
La désinfection par ultraviolets est moins courante. Elle est limitée à 36 stations, dont certaines sont toutefois très importantes, comme les deux stations de Québec et celles de Laval ainsi que de Sherbrooke.

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L’assainissement agricole

Du côté agricole, la principale mesure prise pour réduire la contamination microbienne des eaux de surface a été la construction de structures d’entreposage adéquates pour les fumiers et les lisiers pour des établissements d’élevage dont le cheptel est au delà de certains seuils. De telles structures aménagées par les producteurs avec l’appui financier du gouvernement ont eu pour effet de minimiser les pertes directes de contaminants aux cours d’eau.

D’autres mesures contribuent à la diminution de la contamination des eaux de surface résultant de l’épandage des fumiers et des lisiers. D’abord, la réglementation interdit l’épandage durant les périodes de l’année où les pertes vers les cours d’eau risquent d’être plus grandes. En plus, certaines techniques d’épandage permettent de minimiser les pertes : plutôt que d’épandre les fumiers et les lisiers à la volée, il est possible de les incorporer au sol à l’aide de rampes prévues à cet effet. En cas de pluie après l’épandage, les pertes par ruissellement de surface s’en trouvent minimisées.

Des recherches sont en cours pour mettre au point des méthodes de traitement des fumiers et des lisiers qui rendraient ceux-ci moins problématiques sur le plan sanitaire. Approche prometteuse, le compostage entraîne une réduction très importante des microorganismes présents dans les fumiers.

Volumes des structures d'entreposage des fumiers

Volumes des structures d'entreposage des fumiers

Près de 10 des 30 millions de mètres cubes de fumiers produits annuellement au Québec sont maintenant entreposés dans des structures adéquates, ce qui diminue les pertes directes qui contaminent les cours d’eau.

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La gestion de l’eau

Des progrès ont été accomplis au cours des années 1980 et 1990 au chapitre de la qualité de l’eau grâce à l’assainissement des eaux usées et à une meilleure gestion des fumiers et des lisiers. D’autres interventions seront requises pour récupérer les usages récréatifs, encore limités à cause de la contamination résiduelle liée aux eaux usées et à la pollution agricole.

À l'avenir, les initiatives d'assainissement et de gestion de l'eau s'inscriront dans le cadre de la Politique nationale de l'eau, rendue publique à l'automne 2002. À cette occasion, le gouvernement du Québec a annoncé son intention de développer les activités récréotouristiques reliées à l'eau, comme la pêche, la baignade et le nautisme. Le gouvernement s'est engagé à faciliter l'accès aux plans d'eau, notamment dans le Grand Montréal, à assainir la rivière Saint-Charles à Québec et à favoriser le développement de zones de baignade dans le Saint-Laurent. Enfin, des efforts de protection sont prévus pour les plans d'eau vulnérables, particulièrement les lacs de villégiature de l'Estrie et des Laurentides. La Politique nationale de l'eau reconnaît donc que les activités récréotouristiques contribuent non seulement à la qualité de vie, mais aussi à la vie économique du Québec.

Les activités humaines ont des conséquences sur la qualité de l’eau et les écosystèmes aquatiques. Néanmoins, les connaissances techniques et la compréhension des processus environnementaux peuvent permettre d’atténuer significativement les impacts négatifs de ces activités et de protéger les multiples usages de l’eau.

 


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